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Le Slam, par cœur ou dans la main

 

Contrairement à une croyance fort répandue, les slameurs ne sont nullement obligés d’apprendre par cœur les textes qu’ils slament. Aucun règlement ne stipule une telle contrainte et les règlements précisent même clairement que les slameurs peuvent tenir leur texte en main lors de leur prestation.

À ce chapitre, il est primordial que le slammestre fasse preuve d’impartialité et n’affiche aucune préférence envers les slameurs qui livrent leur texte de mémoire. En fait si, vraiment, cela octroie un surplus qualitatif à la prestation, les juges ne manqueront de l’apprécier d’autant et de lui accorder un pointage supérieur. Inutile, donc, de pénaliser doublement les autres.

En la matière, le règlement du Slam de poésie fait à nouveau preuve de sagesse.

Rappelons ici, par ailleurs, que dans un Slam, l’improvisation est prohibée. Contrairement au monde du conte ou du stand up comic, où l’improvisation sur canevas est pratique courante, au Slam de poésie, celle-ci entraîne la disqualification d’un slameur : le texte à slamer doit d’abord avoir été écrit. Malgré que le défi en Slam consiste à plaire et à séduire les spectateurs (dans le but avoué de gagner la partie), il importe également de proposer des créations mûries, faisant place à l’audace et à l’innovation – donc à autre chose qu’à la rime et aux vers comptés – , la porte reste ainsi légèrement ouverte à la poésie.


Le recours à la rime et au compte des syllabes, à ce titre, n’est pas anodin : ces deux procédés remontent à des temps immémoriaux, à l’époque de la naissance de la culture, qui précède l’invention de l’écriture où tout se transmettait oralement, où tout était conservé dans le ciboulot… On devait avoir recours à divers trucs mnémoniques, dont la rime et le rythme syllabique*. Aujourd’hui, nous ne sommes en rien astreints de mémoriser les textes et, donc, de recourir à ces techniques qui le facilitent.


Slamer avec le texte en main, au risque de peut-être perdre quelques fractions de points, ouvre la porte à des textes plus complexes, voire audacieux et innovateurs.

Ainsi, si les slameurs étaient tenus de connaître leurs textes par cœur, on risquerait fort de « formater » les matchs, à celui de Grand Corps Malade. Qu’ai-je dit ? Clarifions : je n’ai rien contre GCM – ma mère l’aime bien –, mais si un jour les Slams de poésie ne se résumaient plus qu’à la succession de textes rimés, il n’y aurait plus ni invention, ni poésie.

Confrères slammestres et spectateurs, ayons le cœur dans la main, car il est primordial que, entre les lignes de départ et d’arrivée, l’on accorde la même chance à tous les coureurs, sans croc-en-jambe, ni jambette et, ce, que leur texte soit rimé ou qu’ils le tiennent à la main…

*Je développe davantage sur l'historique de la poésie et l'usage de la rime ainsi que de son implication, dans la préface des anthologies Slam ma muse, 1 et 2, parues aux éditions Cornac (respectivement en 2008 et 2013).

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